Institut de la WFTC à Gênes

L’institut de la WFTC, qui s’est tenu du 14 au 18 octobre 2010 à Gênes en Italie, a réuni 200 personnes provenant des 52 pays représentés auprès de la Fédération Mondiale des Communautés Thérapeutiques. Ces participants oeuvrent aux côtés des « communautés thérapeutiques » (CT) et contribuent ainsi à répondre aux problèmes d’abus des substances et aux dommages qui y sont liés.

Déclaration des participants

Gênes, le 18 octobre 2010 – Les communautés thérapeutiques oeuvrent pour que leurs résidents apprennent à s’aider eux-mêmes et à utiliser la vie communautaire de la CT pour atteindre un niveau optimal de bien-être physique, mental et social, pour retrouver un sens à leur vie ainsi que des valeurs qui transcendent les enjeux individuels, c’est-à-dire des valeurs spirituelles, et découvrir ainsi un nouveau mode de vie.
Les communautés thérapeutiques travaillent depuis plus de 50 ans dans l’assistance aux personnes ayant des problèmes liés à l’usage de substances. Au cours de ces années, beaucoup de choses ont changé :

  • Le nombre d’organisations actives a fort augmenté ainsi que l’éventail des services et des interventions offerts aux personnes toxicomanes.
  • Dans ce nouveau contexte et dans certains pays, les communautés thérapeutiques ont été utilisées, par manque d’une bonne compréhension, comme une dernière ressource pour ceux qui n’avaient pas été capables de se réhabiliter en recourant à d’autres types de services, plutôt que comme une intervention pertinente, basée sur l’évidence et l’efficacité.
  • Le cadre légal et réglementaire a changé, offrant de nouvelles opportunités et types de services, mais imposant également des contraintes qui peuvent affaiblir ou miner l’efficacité des communautés thérapeutiques.
  • Le contexte dans lequel nous travaillons a changé: la normalisation de l’usage des substances, une plus large gamme de substances utilisées séparément ou de manière combinée et des nouvelles formes de dépendance. L’individualisme a été favorisé par l’affaiblissement des concepts et des comportements qui fondent la solidarité sociale et communautaire.
  • Nous avons énormément appris concernant la complexité des problèmes vécus par ceux qui recherchent notre aide, y compris par exemple les abus sexuels d’enfants, les problèmes de santé mentale et d’importants problèmes sociaux ou de santé s’additionnant aux problèmes de toxicomanie et nous avons développé notre capacité d’y apporter des réponses.
  • Les problèmes multiples vécus par ceux qui s’adressent à nous ont requis des interventions multimodales afin de répondre à ces besoins complexes, cependant les systèmes de subvention n’ont pas suivi.
  • Au fil des ans, de nombreuses preuves ont été rassemblée, montrant l’efficacité des communautés thérapeutiques, tant au niveau de l’impact individuel et social qu’au niveau du rapport coûts-bénéfices.

 

Tous ces changements ont entrainé des défis auxquels les CT ont dû faire face mais également des défis pour ceux qui financent, encadrent et suivent les services d’intérêt public.

 

Parmi ces défis, nous attirons l’attention sur les points suivants:

  • Il faut poursuivre et renforcer le travail en réseau et trouver de nouvelles relations, formelles et informelles, pour améliorer la qualité et l’efficacité de nos interventions.
  • Ceux qui financent, encadrent et recourent à nos services doivent comprendre que les interventions plus intensives ou résidentielles ne sont qu’une partie du parcours complexe des personnes toxicomanes. Ces parcours visent un accès à des meilleurs niveaux de santé physique, mentale et sociale et les systèmes de financement doivent respecter cette complexité. Les services doivent être encouragés à fournir une gamme de services adéquats en matière de traitement, d’éducation, de formation et de soutien.
  • La représentation des fournisseurs de soins doit être garantie dans le développement de cadres de référence normatifs et organisationnels, de telle sorte que les réglementations renforcent et valorisent l’efficacité de notre travail, au lieu de la pénaliser, et cela, sur base d’une réelle connaissance des modalités d’intervention les plus efficaces.
  • Ceux qui fournissent des soins ont besoin de comprendre et d’utiliser des données basées sur l’évidence afin de fonder leur travail. Ils doivent communiquer ces données aux commanditaires et financeurs des services, de telle sorte que les traitements proposés reflètent les indications et permettent de répondre de façon cohérente, dans un contexte plus vaste et avec les effets attendus, en termes de réduction des dommages individuels et sociaux ainsi que d’amélioration des niveaux de santé et de bien-être individuel et social.
  • Pour cela, les CT doivent, d’une part, renforcer le système de formation de leur personnel, en collaboration avec des universités et avec d’autres services de formation spécialisée; elle doivent, d’autre part, renforcer et valoriser les apprentissages informels basés sur l’échange de bonnes pratiques et le développement des connaissances afin d’assurer une mise à jour permanente de leurs compétences et de leur pratique professionnelle.

Dans leur travail avec les personnes dépendantes, les CT ont montré leur efficacité et leur valeur ajoutée en favorisant, par exemple, la reconstitution de liens familiaux et la protection des mineurs qui en font partie, elles produisent des bénéfices supplémentaires directs en termes de réduction de la criminalité, d’amélioration de l’état de santé des personnes et en termes de réappropriation de leurs responsabilités individuelles et sociales.

Dans beaucoup de régions du monde, les CT ont redonné un espoir et un réseau de relations à de nombreuses personnes gravement marginalisées. Elles ont été capables d’étendre leurs services afin d’atteindre d’autres personnes ayant besoin de support et d’assistance et les ont aidées à se rétablir ou à découvrir des modes de vie plus stables et plus sains.

Les CT ont besoin du soutien et de la coordination de la Fédération Mondiale (WFTC) pour démontrer l’efficacité de leur approche et pour développer leur travail sur des bases d’évidence empirique. Elles ont besoin de politiques réglementaires et de financement qui econnaissent dans le modèle des CT une composante essentielle et efficace d’un système plus vaste de traitement, et ceci suppose un support et un financement adéquats.
Nous répétons notre engagement de travailler pour la réhabilitation des personnes, dans toutes les dimensions de leur vie, et d’améliorer ainsi le bien-être social et la solidarité de la société dans laquelle nous travaillons. C’est pourquoi nous demandons aux autorités publiques et à la société civile de nous soutenir et de s’associer à nos efforts.

The WFTC Genoa Institute 2010