En matière d’égalité des sexes, ne laisser personne de côté cela veut dire faire les efforts nécessaires pour améliorer les conditions de vie des femmes et des jeunes filles des communautés rurales, à tous les niveaux
Par Kaitlin Drape – Les femmes et les filles des régions rurales ont été marginalisées en raison de la géographie, de la pauvreté, du manque d’éducation et de préjugés sexistes, mais elles sont un élément clé pour l’avenir de l’économie mondiale. En outre, la communauté internationale a le devoir de répondre à la détresse d’un groupe vulnérable qui bénéficie rarement des initiatives mises en œuvre en matière de droits humains.
L’environnement néfaste où vivent les femmes et les jeunes filles des régions rurales résulte de problèmes interconnectés fondés sur l’inégalité. Les filles y sont moins susceptibles d’être scolarisées car les communautés valorisent davantage l’éducation des garçons, laissant les filles cantonnées aux tâches ménagères.
À l’échelle mondiale, 130 millions de jeunes filles ne sont pas scolarisées. Les filles font l’objet de davantage de tabous sociétaux au sujet de leur corps. Il existe, par exemple, un tabou autour des menstruations dans de nombreuses sociétés. Les filles ne reçoivent aucune information sur leur propre corps et ne sont pas initiées aux bonnes pratiques d’hygiène menstruelle. Les filles sont victimes de pratiques dangereuses comme les MGF (mutilations génitales féminines) qui sont encore très répandues, notamment en Afrique, en dépit de leur interdiction dans une grande majorité de pays.
Une plus grande attention doit être accordée à ce problème : l’Assemblée générale a établi que les MGF allaient à l’encontre des droits humains en 2012 seulement. Ces pratiques, dont les jeunes filles peuvent être victimes dès huit ans, entraîne des séquelles dévastatrices, tout en étant une porte ouverte vers le mariage et la grossesse précoce. Dans de nombreuses communautés le viol et les violences conjugales sont enracinés dans la culture et font rarement l’objet de poursuites judiciaires. Une telle synergie de problèmes représente un obstacle pour les femmes et les filles des régions rurales qui souhaitent échapper aux mauvais traitements et à la pauvreté. Ces femmes ont besoin d’une aide juridique, éducative et sociale pour être capables de faire évoluer les mentalités, de faire respecter la loi et d’acquérir la confiance nécessaire pour réaliser leur potentiel.
Initiatives de développement des femmes
La CSW62 a mis en évidence de nombreuses initiatives axées sur une gestion globale de la situation précaire des femmes en région rurale. À titre d’exemple, l’Association pour la médecine et la recherche en Afrique (AMREF), met en place des programmes d’éducation sur les dangers des MGF au sein de communautés kenyanes, par le biais de rencontres, de forums communautaires et vidéos. Yasmeen Hassan, Directrice exécutive mondiale de l’organisation Equality Now, a expliqué que son association aide à poursuivre les auteurs de ces actes tout en informant la communauté du caractère illégal et contraire aux droits humains de ces pratiques. Le Center for Family Health Initiatives (Centre pour les initiatives de santé familiale), a travaillé sur le terrain au Nigeria pour changer l’attitude de la population face aux violences faites aux femmes, ce qui s’est traduit par des forums communautaires ainsi qu’une campagne d’affichage.
UNICEF a pris la tête d’une initiative visant à fournir à améliorer l’accès à des écoles accessibles et à bon marché a indiqué Omar Abdi, Directeur exécutif adjoint de l’organisme. Les programmes visent à rapprocher les écoles des communautés rurales car nombre d’enfants ne peuvent pas parcourir de longues distances faute de transport et d’infrastructure adaptée.
L’enseignement du numérique et des STIM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques) est également essentiel. Des programmes comme Africa Code Week, qui organise des centaines d’ateliers de codage sur tout le continent, permettent aux jeunes africains d’acquérir les compétences nécessaires pour prendre part à l’économie numérique. L’an dernier, le programme a été axé sur les filles en particulier. 538 000 jeunes filles ont été formées à cette occasion, selon Hemang Desai de la SAP, la société de technologie qui coparraine l’événement. Les partenariats avec le secteur privé ont contribué au succès d’autres programmes. Microsoft s’est, par exemple, associé à Pro Mujer, une organisation qui promeut l’indépendance des femmes en Amérique latine. Leurs ateliers permettent d’initier les femmes au codage et à la création de sites web, ce qui leur permet de soutenir leurs propres entreprises locales.
Le Social Work and Research Center, plus connu sous le nom de Barefoot College (Université aux pieds nus), a mis en place un programme qui aide les femmes des zones rurales à devenir ingénieurs en énergie solaire. Le programme enseigne aux femmes rurales à installer, entretenir et réparer les installations photovoltaïques pour les maisons dans les communautés rurales sans électricité. Connues sous le nom de « Solar Mamas », ces femmes viennent du monde entier pour participer à la formation, elles apportent ensuite leurs compétences et leurs connaissances dans leurs communautés.
La CSW62 a clairement souligné la nécessité de faire appliquer les lois nationales et internationales, de demander des comptes aux gouvernements, de fournir des fonds et du personnel pour mettre en place des initiatives sur le terrain afin de mettre un terme aux pratiques nuisibles, changer les mentalités et créer des partenariats avec le secteur privé pour faire participer les femmes et les jeunes filles à des programmes éducatifs pouvant ouvrir la voie à l’autodétermination.