Magazine ‘EXIT’ n°31, éditorial

Les traitements scientifiquement validés aident désormais des millions de personnes à reprendre du pouvoir sur leur vie

Revue en ligne EXIT®

Le nouveau numéro de la revue en ligne EXIT® éditée par l’association Dianova Portugal, en anglais

Par Rui Martins – Il n’est jamais exagéré de promouvoir les normes internationales de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) et de de l’Organisation mondiale de la santé en matière de traitement des troubles de l’utilisation de substances. Ces troubles « représentent un fardeau important pour les personnes concernées comme pour leur famille. La société doit aussi en supporter des coûts significatifs, notamment en termes de perte de productivité, de problèmes de sécurité et de criminalité, d’augmentation des dépenses de soins de santé et de très nombreuses conséquences sociales. Dans certains pays, on estime que le coût social de la consommation de drogues illicites peut atteindre jusqu’à 1,7% du PIB, selon le rapport mondial sur les drogues 2016. S’occuper des personnes aux prises avec des troubles de l’utilisation de drogues grève lourdement les systèmes de santé publique des États membres, c’est pourquoi améliorer les systèmes de traitement et les rendre les plus efficaces possibles pourrait sans nul doute bénéficier non seulement aux personnes concernées, mais aussi à leur communauté et à la société tout entière. »

Comme l’indique le professeur Susana Henriques dans son dernier article : « Selon Spoth et al. (2006), chaque unité consacrée à la prévention permet d’en économiser 10 sur les coûts de l’addiction, en termes socio-sanitaires et de criminalité ». Nous savons que le traitement fonctionne ; il permet d’aider des millions de personnes, leurs familles et et leurs communautés grâce à la mise en œuvre d’une approche globale des troubles de l’utilisation des drogues fondée sur la santé et les droits humains. De plus, nous avons désormais la preuve scientifique que plus longue est la durée du traitement , meilleures seront l’évaluation du traitement et les capacités de réinsertion – comme le fait de changer de lieu de résidence pour s’éloigner des milieux de consommation de drogues, pouvoir accéder à l’emploi et à toutes les formes de liberté sociale.

 

Le modèle portugais de décriminalisation des drogues, fondé sur une approche sanitaire et respectueux des traités de l’ONU relatifs aux drogues, constitue sans aucun doute un très bon moyen d’affronter le problème des drogues de façon globale. Il est vrai que la crise financière de 2009, qui a frappé durement le Portugal, a entraîné des décisions politiques qui ont eu un impact négatif sur les dépenses publiques allouées aux secteurs sanitaires et sociaux. Ces coupes budgétaires ont mis en danger les organisations sociales privées dédiées au traitement des addictions et collaborant avec le ministère de la Santé. Cette situation illustre la nécessité de renforcer les activités de plaidoyer au profit d’une amélioration du secteur aux plans international, régional et national (Le nouveau Plan d’action pour les drogues 2019-2029 suite de l’UNGASS 2016 est en préparation en vue de la 62ème session de la Commission des Stupéfiants des Nations Unies, qui aura lieu à Vienne en mars 2019). Ces activités permettront de mieux faire face au problème mondial des drogues en collaboration avec les autorités publiques, ce qui bénéficiera à tout le monde, sans laisser personne de côté.

En rassemblant les opinions, l’expérience et les connaissances de quelque 29 spécialistes et praticiens de renom issus des gouvernements, des universités et de la société civile de 22 pays d’Europe, d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Nord, nous espérons que le présent numéro du magazine EXIT® permettra d’apporter un débat éclairant sur ce qui a été fait, les résultats obtenus et ce qu’il reste encore à faire en matière de troubles de l’utilisation de drogues et les conséquences de ces troubles sur les personnes, les familles, les communautés et les gouvernements.

Une fois encore, je remercie toutes celles et ceux qui ont contribué à ce numéro et j’espère que vous en apprécierez le contenu.

Bonne lecture à tous !