Société civile et politiques des drogues

Réunion du Forum de la société civile sur les drogues et  conférence sur « La participation de la société civile dans les politiques des drogues »

représentants espagnols de la société civile

Les représentants espagnols de la société civile et du Plan National en matière de drogues

Par Lucía Goberna – Le rôle de la société civile dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre des politiques des drogues dans l’Union Européenne (UE) est de plus en plus reconnu et structuré. D’une part, il y a une volonté politique de l’UE de les inclure comme interlocuteurs et d’autre part, les organisations de la société civile sont toujours mieux organisées, mieux outillées et disposent des connaissances nécessaires pour être efficaces. Malgré tout, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour que leur participation soit un fait établi.

Le 5 novembre dernier a eu lieu une  conférence sur « Implication de la société civile dans les politiques de drogues », au cours de laquelle trois importants rapports ont été présentés.

  • Implication de la société civile dans les politiques de drogues dans les pays de l’UE (Lire en anglais)
  • Implication de la société civile dans les politiques de drogues – feuille de route (Lire en anglais)
  • Document d’information sur les politiques de drogues dans l’UE, plan d’action de l’UE et le besoin d’une implication de la société civile (Lire en anglais)

Ces documents analysent le degré de participation, les obstacles et les possibilités d’améliorer la participation effective de la société civile aux différentes étapes de l’élaboration des politiques des drogues. Les documents soulignent en outre l’importance de la participation des communautés touchées, la situation des pays confrontés au populisme et à un manque de financements qui étouffent le travail des organisations de la société civile ainsi que leur participation aux plans local, national et international.

La Conférence était organisée dans le cadre du projet participation de la société civile aux politiques des drogues. Financé par l’UE, le projet vise à surmonter les obstacles à une participation effective de la société civile au développement et à mise en œuvre de ces politiques aux plans national et européen.

Les membres du Forum de la société civile

Les membres du Forum de la société civile

Forum de la société civile

Les 6 et 7 novembre, s’est déroulé le Forum de la Société Civile sur les Drogues (CSFD), un groupe d’experts relevant de la commission européenne, composé de représentant-e-s de 45 organisations et servant de plateforme pour soutenir l’élaboration et la mise en œuvre de politiques de drogues par le biais de différentes recommandations et rapports destinés aux institutions européennes. Dianova international est membre du CSFD depuis 2013.

Floriana Sipala, responsable de l’Unité du crime organisé et des politiques de drogues de la direction générale de l’immigration et des affaires internes de la Commission européenne, a présenté les aspects susceptibles d’influencer les politiques en matière de drogues dans un proche avenir. Ces aspects comprennent notamment les élections au Parlement Européen qui auront lieu en mai 2019. La configuration du nouveau Parlement européen affectera la composition de la Commission européenne, puisque l’assemblée devra approuver les commissaires. Dans un contexte politique mondial où le populisme et le conservatisme gagnent du terrain, on peut par exemple supposer que les politiques des drogues se verront reléguer au troisième plan au profit des questions de sécurité.

Un autre thème d’actualité est sans aucun doute les négociations en vue d’adopter le segment ministériel de mars 2019. La priorité de l’UE est que ses résultats soient alignés avec le Document final de l’UNGASS. Ce document, qui représente l’accord le plus récent en matière de politiques des drogues, repose sur une approche fondée sur les droits humains et la santé, avec un équilibre entre réduction de l’offre et réduction de la demande. Malgré tout, suite aux récents changements de politiques, les négociations s’annoncent complexes. L’UE et ses pays membres travaillent activement pour obtenir des résultats les plus proches possibles des principes de l’UNGASS.

Mme Sipala a également fait référence aux modifications du cadre budgétaire pluriannuel pour la période 2021-2027. Une fois la proposition adoptée, les lignes principales de financement en matière de drogues seront inscrites dans le cadre du Fonds de Sécurité Intérieure et du Fonds Social Européen.

Enfin, en ce qui concerne les développements au niveau de l’UE, l’évaluation de la Stratégie Antidrogue 2013-2020 et l’évaluation de l’Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies auront également une influence sur l’avenir des politiques communautaires antidrogue.

La réunion a également permis aux membres de s’organiser. Le CSFD comporte quatre groupes de travail traitant de la Stratégie et du Plan d’Action antidrogue de l’Union européenne (groupe 1), des relations institutionnelles de l’UE avec les structures internationales (groupe 2), de la participation de la société civile dans les politiques nationales des drogue (Groupe 3) et des normes de qualité (groupe 4). Dianova est un membre actif des groupes 2 et 3. La réunion a permis aux membres des groupes de travail de se réunir pour rendre compte du travail accompli depuis juin 2018 (date de la dernière réunion) et pour planifier leurs activités futures. Le CSFD a en outre présenté une vidéo avec différentes interviews abordant le thème du rôle de la société civile et de sa vision du plan d’action antidrogue de l’UE, avec la participation de Dianova.

Points de vue de la société civile sur le plan d’action antidrogue de l’UE

Pour la première fois, le CSFD s’est réuni avec le Forum de la société civile sur le VIH/sida, l’hépatite et la tuberculose, un autre groupe d’experts de la Commission européenne. Au vu des similitudes entre les thèmes abordés par les deux groupes, il est donc logique d’engager en commun des actions de plaidoyer axés sur la santé publique et les problèmes associés avec l’abus de drogues – un travail qui s’inscrit dans le cadre de l’élaboration du prochain cadre budgétaire communautaire et celui de la mise en œuvre des normes de qualité, avec le souci de surmonter les obstacles juridiques et financiers ainsi que la stigmatisation et la discrimination des personnes vivant avec le VIH/sida, l’hépatite et la tuberculose.

Enfin, comme depuis plusieurs années, une réunion s’est tenue avec les membres du groupe horizontal Drogues du conseil de l’UE, un organisme essentiel pour l’élaboration de politiques et des positionnements en matière de drogues. Quatorze hauts représentants des pays de l’UE du groupe horizontal Drogues, de la Commission européenne et de l’Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies, ainsi que des membres du CSFD étaient présents. La présidence du Conseil de l’UE, actuellement occupée par l’Autriche a présenté le travail effectué tout au long du semestre ainsi que les négociations en cours. Le représentant de la Roumanie (pays qui prendra la présidence de l’UE à partir de janvier de 2019) a présenté les priorités sur lesquelles il travaillera. Le CSFD a présenté ses recommandations au Segment Ministériel, ainsi que les travaux sur le Plan d’Action Antidrogue de l’UE.

Dianova International était représentée à la Conférence et aux réunions qui se sont tenues du 5 au 7 novembre. Nous avons tiré profit des différentes ressources et rapports pour améliorer notre travail de plaidoyer et mieux nous positionner dans le contexte international des politiques en matière de drogues. Cet espace est destiné à partager des informations et de meilleures pratiques avec d’autres membres du CSFD ainsi qu’à planifier les initiatives de coopération. Le CSFD est un forum ouvert qui a pour but de partager et de coordonner le travail en commun avec d’autres plateformes auxquelles nous participons. C’est pourquoi nous remercions la Commission européenne pour l’organisation et le financement de ces journées, pour sa volonté d’inclure la société civile dans les espaces où elle le peut et pour prendre bonne note de nos contributions.