XIX Séminaire ibéro-américain sur les drogues et la coopération

Le séminaire organisé par le Réseau latino-américain des ONG travaillant sur les drogues et autres dépendances (RIOD) s’est déroulé du 8 au 10 mai à San Jose, Costa Rica

Session d'inauguration du séminaire du RIODLe RIOD est une organisation qui regroupe 43 ONG latino-américaines de 14 pays différents et dont l’objectif est de travailler dans les domaines des addictions, en matière de prévention, traitement, insertion, recherche et plaidoyer. Depuis 1999, le RIOD organise un séminaire international annuel qui met l’accent sur les questions liées aux drogues et aux addictions, une rencontre importante qui permet d’apporter une perspective internationale grâce aux professionnels et autres experts de ce secteur.

En 2017, le thème choisi était « Des solutions locales pour phénomène mondial »  et visait à approfondir l’analyse à rechercher des solutions afin de pouvoir influencer le phénomène complexe et mondial des addictions depuis une perspective locale, plus proche des personnes et des communautés. Quelque 42 organisations membres du RIOD et plusieurs associations costaricaines  ont participé au séminaire, dessinant une mosaïque faite des contributions de chacune des organisations affiliées ou non au RIOD. Dianova Espagne était représentée par le psychiatre Miguel Morales Galicia.

La première journée fut très bien remplie: lors de la cérémonie d’ouverture, Olger Bogantes et Luis Eduardo Sandí ont présenté la situation au Costa Rica, pays dans lequel prédominent l’usage récréatif et les interventions de type « trop peu, trop tard » (lorsque l’addiction est déjà installée). Par la suite, on a débattu de la position des divers pays face à l’UNGASS 2016 et de quelle façon ils peuvent relever les défis auxquels ils sont confrontés. Constanza Sánchez s’est en particulier attachée à décrire les changements qui se produisent au sein des pays producteurs de drogues, la façon dont s’organise la production et les itinéraires de commercialisation. Elle a en outre souligné que la violence n’était pas inhérente au trafic mais qu’elle dépendait d’autres facteurs. Il faut mentionner enfin que faute d’adapter les politiques en matière de drogues au contexte local dans lequel elles doivent être appliquées, on court le risque de les voir aggraver la situation.

Séminaire du RIODLa session consacrée à « l’approche de santé publique » a rassemblé  Javier Sagredo, Josep Rovira, Mauricio Varags et Luis E. Sandí dans un débat sur les politiques en matière de drogues dans les différents pays, et sur la façon d’améliorer ces politiques grâce à un changement d’approche, d’intervenants, de thèmes, et en changeant la manière dont on évalue son propre travail. L’accent était mis sur la nécessité de promouvoir une personne centrée sur la personne et les droits humains, grâce à laquelle il est possible de réduire la stigmatisation associée à l’usage de drogues, ainsi que sur l’importance des mesures fondées sur la réduction des méfaits. Lors de chaque table ronde, un représentant des groupes de travail du RIOD  était généralement présent, chargé de présenter les conclusions du groupe de discussion.

Une autre session de conférence a permis d’aborder les pathologies liées à l’usage de drogues: d’un côté les pathologies mentales et, de l’autre, les maladies infectieuses, principalement. En ce qui concerne la double pathologie, un thème abordé par Luis Alfonzo Bello, Juan José Fernández et Sebastián Rodríguez (ainsi que le Dr. Sandí lors de sa présentation), on a souligné qu’il s’agissait d’un problème surdimensionné mais qui tend malgré tout à demeurer dans une espèce de no man’s land, et qu’il était primordial de trouver des approches plus efficaces, incluant la participation de la société civile.

 

Lors de la table ronde intitulée « Autonomisation et justice réparatrice » (Jorge Ollero Raúl F. Tovar, Jorge A. Salazar, Isabel Gámez et Nelson Ayala), on a expliqué l’origine et en quoi consiste la « justice réparatrice », les lieux où celle-ci a été mise en œuvre et quel est son impact au niveau des changements chez la personne ayant commis un délit. Les intervenants ont ensuite décrit plusieurs projets fondés sur ces principes, dans divers domaines, et ont partagé des expériences et des résultats très différents (un programme pour hommes à Hogares Claret, un projet pour détenues et un programme de traitement avec contrôle judiciaire).

En conclusion du séminaire, la session « les programmes d’intervention communautaire à l’épreuve des résultats » (Domingo Comas, Silverio Espinal, Gloria Bodnar et Laura Chacón) a abordé les nombreux biais associés à la « preuve scientifique » en matière de drogues. Domingo Comas avait déjà anticipé la question avec la présentation de bonnes pratiques relatives à la crise de la médecine fondée sur des données probantes; il a également encouragé tout le monde à mettre en œuvre un système d’évaluation permettant de déterminer l’efficacité des pratiques. Divers programmes ayant analysé leurs résultats ont enfin été présentés.

Poster de Dianova lors du séminaire du RIODLes deux dernières tables rondes étaient consacrées aux thèmes suivants: « Les drogues dans le contexte des instruments de coopération pour le développement de l’accès aux ONGD » (Jesús Molina, Gerardo Lerma, Lucía Rodríguez, Mª Victoria Correa) et « les défis pour le RIOD: genre, stigmatisation, et prévention auprès des enfants et des jeunes » (Raquel Cantos, Juan José Fernández, Marcelo R Choclín). Lors de la première de ces tables rondes, à travers diverses expériences pratiques, on a abordé la manière de participer aux politiques d’un pays donné grâce à la coopération au développement, par le biais de projets complémentaires à ce qui se fait déjà.

Pour finir, la dernière table ronde a mis en avant les plus défavorisés, en particulier les femmes et les enfants, en mettant l’accent sur la façon d’inclure des politiques fondées sur le genre, et comment celles-ci ont un impact sur les résultats – et sur la façon d’intégrer la lutte contre la stigmatisation de ces populations. Il reste bien sûr encore beaucoup à dire et nombre d’idées à développer pour améliorer encore la qualité des interventions.

Dianova a présenté deux posters sur des expériences de bonnes pratiques, en gage de son souhait de participer activement au séminaire et d’améliorer son travail.

Miguel Morales Galicia

Psychiatre, association Dianova Espagne