Éducation sur l’égalité des sexes au Nicaragua

8 mars, journée internationale de la femme – L’éducation, un outil qui a un impact important dans le développement personnel, familial et communautaire à long terme

Enfants au Nicaragua

Projet Laguna 2: élèves d’une école publique où sont implantés les ateliers « Habiletés de vie » de la Fondation Dianova Nicaragua – photo: Dianova

Par Saionara König-Reis – L’année dernière, la Fondation Dianova Nicaragua est venue en aide aux garçons et filles vivant dans une petite communauté rurale du Nicaragua, en particulier au sein de Laguna 1 et 2, près de la ville historique de Grenade. Le projet a aidé à créer les conditions favorables au développement et au renforcement des compétences comportementales des enfants et adolescents, compétences qui leur permettent de construire leur identité, de promouvoir et d’exercer leurs droits en vue de leur développement dans tous les sens du terme.

Avant tout, l’initiative a permis de remettre en question les préjugés et les stigmatisations liées aux rôles sexués. Cette initiative est même devenue un outil essentiel de renforcement des compétences sociales et personnelles des adolescents et d’amélioration de leur estime d’eux-mêmes. En faisant intervenir les filles et les garçons, leurs parents, les professeurs et plusieurs autres membres de la communauté, le projet de Laguna 1 et 2 a misé sur l’éducation sur l’égalité des sexes comme vecteur d’actions impactantes et instrument de développement personnel, familial et communautaire à long terme.

La grossesse: un obstacle majeur à l’égalité des sexes pour les adolescentes du Nicaragua rural

Journée internationale des femmesLes jeunes filles de Laguna 1 et 2 doivent faire face à une série d’obstacles qui les empêchent d’achever leur développement en tant qu’individu et en tant que femme. Parmi ces obstacles, on retrouve la pauvreté, qui conduit souvent à un abandon précoce de l’école, le travail des enfants et/ou l’intégration forcée et sans qualification dans le monde du travail. En outre, de par sa proximité avec une ville très touristique, le trafic et l’exploitation sexuelle des femmes et des filles représentent une menace constante. Pour finir, à la maison, des normes strictes en matière de rôles sexués les cantonnent trop souvent (de façon écrasante et sans qu’elles en aient conscience) aux incessants travaux non payés de l’entretien ménager.

Le problème de la grossesse chez les adolescentes impose d’enseigner l’égalité des sexes dès le plus jeune âge.  En 2013, le pays figurait déjà en tête de la liste de l’UNFPA recensant le nombre de filles ayant donné naissance avant 18 ans, soit 28% d’entre elles. Plusieurs études locales ont en outre souliné que la situation était plus préoccupante encore au sein des zones rurales, où trois filles sur dix mènent une grossesse à terme durant leur adolescence. Fait aggravant, seulement la moitié d’entre elles reçoivent un soutien émotionnel ou financier de la part du père de l’enfant.

La situation est malheureusement renforcée par les croyances religieuses et les normes trop sévères en matière de rôles sexués, fortement implantées dans la culture locale. Ces normes influencent les comportements sexuels et l’utilisation (ou la non-utilisation) de mesures de contraception. Le statu quo en la matière a également un impact direct sur la santé publique, les dynamiques relationnelles, l’exploitation sexuelle et les violences intrafamiliales et fondées sur le sexe.

Une éducation pour l’égalité des sexes, priorité des objectifs de développement durable

La grossesse au cours de l’adolescence affecte la vie des filles de manière disproportionnée comparativement à son impact sur les garçons. La grossesse devient souvent un obstacle à l’éducation et peut parfois amener les familles à abandonner leur fille. C’est pourquoi, une amélioration de la situation ne peut passer que par un changement des mentalités et des comportements culturels des deux groupes (ainsi que des familles et des communautés).

 

Comme le montrent les objectifs de développement durable (ODD), notamment l’ODD 4.7, l’éducation en faveur de l’égalité des sexes est une occasion d’impliquer les adolescents, garçons et filles, dans le développement de leurs propres compétences et de renforcer les liens avec leur famille et leur communauté. C’est également une occasion de stimuler leur capacité à prendre des décisions réfléchies pour leur santé, leur corps et leur existence dans son ensemble.

Ce thème fera l’objet d’un événement organisé par Dianova lors de la prochaine session de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies (CSW62) le 13 mars prochain à New York – une session visant à promouvoir la paix, l’émancipation, la dignité, le respect et l’amélioration des conditions de vie des femmes et des filles vivant dans des régions rurales, partout dans le monde. L’événement permettra de raconter l’histoire des filles vivant dans le Nicaragua rural et sera présenté en partenariat avec l’UNESCO, le Peace Boat, l’association Église et Société et l’Association des femmes du Pacifique et de l’Asie du Sud-Est.

Mère et enfant au Nicaragua

Projet Laguna 1: une femme et son enfant durant les ateliers « habilletés de vie » mis en oeuvre par la Fondation Dianova Nicaragua – photo: Dianova