Rencontre avec Margarita Sánchez – Présidente de la RIOD

Margarita Sánchez

"Les organisations de la société civile doivent être écoutées et elles doivent participer à l'élaboration des politiques publiques"

A l'occasion du XVIIème Séminaire « Drogues et Coopération » du RIOD (Réseau Ibéro-américain des ONG œuvrant en toxicomanie) qui a débuté le 13 Avril dernier à Cordoue (Espagne), nous publions la première partie d'un entretien avec sa Présidente, Mme Margarita Sánchez qui nous explique ce qu’est le RIOD et quel est son travail dans le contexte de la préparation de la prochaine session de l'Assemblée générale des Nations Unies (UNGASS) sur le problème mondial de la drogue en 2016

Qu’est-ce que le RIOD?, comment a-t-il émergé et s’est-il organisé?

RIODMargarita Sánchez: Le RIOD est le Réseau Ibéro-américain des ONG œuvrant en toxicomanie. Sa création remonte à 1998, lors d’une réunion à Carthagène (Colombie) entre la coopération espagnole et la délégation du plan espagnol sur les drogues, en présence de diverses organisations de la société civile. Au cours de cette réunion on a pris l'initiative d'établir une coopération entre l'Espagne et l'Amérique latine. Autre mécanisme important, cette coopération impliquait de créer un réseau d'ONG, où tous les pays seraient représentés. Le processus de coordination a débuté et le réseau est opérationnel depuis maintenant 16 ans.

Notre travail a évolué, aujourd'hui par exemple, les lignes de notre plan stratégique sont alignées avec le contexte actuel d’évolution des politiques sur les drogues. Nous insistons aussi sur la ligne de renforcement et d’échange institutionnel afin de stimuler recherche et débats ; cette ligne stratégique nous permet aussi d’évaluer les organisations ainsi que leur capacité à répondre aux différents problèmes rencontrés dans tous les pays concernés.

L'un des axes stratégiques de notre plan, et c’est d’ailleurs le sens même du travail en réseau, c’est le fait de parler d’une seule voix, de pouvoir exprimer la réalité de certains contextes et d’insister sur la nécessité de voir la société civile organisée participer aux débats et à l’élaboration des politiques publiques.

Comment s’articule le lien entre RIOD et UNGASS?

Nous sommes très heureux de participer à la task force (La « Civil Society Task Force » ou groupe de travail de la société civile en vue de l'UNGASS – ndr), je pense que c’est une opportunité mais aussi un défi que les organisations doivent relever. Le RIOD possède un énorme potentiel de participation parce que nous sommes présents dans presque tous les pays d'Amérique latine. En outre, au sein de notre réseau, nous sommes affiliés à d'autres réseaux, comme la Fédération latino-américaine des Communautés Thérapeutiques (FLACT) ou la Conférence des Organisations non Gouvernementales (CONGO).

Chaque pays dispose de ses propres organisations, ce qui nous donne la possibilité d'élargir nos connaissances, mais aussi de recueillir des éléments utiles au processus qui est en train d’être mis en place.

Notre objectif est que l'Amérique latine et les Caraïbes transmettre leur propre réalité au travers de la Task Force, mais aussi de transmettre leurs connaissances afin de contribuer à la réforme des politiques publiques. Ce qui est indispensable, c’est tenir compte de la réduction de la demande de drogues, d’améliorer l’accès aux traitements, d’inciter les pays à mener une politique équilibrée entre le contrôle de l'offre, la réduction de la demande et une réelle intégration sociale pour tous ceux qui sont concernés par le problème, ceux qui souffrent et dont on doit respecter les droits fondamentaux.

La seconde partie de l'interview sera consacrée à l'ONG colombienne SURGIR, dont Mme Sanchez est directrice.