Traitement de l’addiction aux opiacés, l’expérience de Brightpoint Health

IApproches novatrices visant à élargir l’accès aux traitements médicamenteux en milieu de soins de première ligne et communautaires pour les personnes aux prises avec un trouble de l’abus d’opiacés

Contents of a needle exchange kit

Kit d’échange de seringues: garrot, boules de coton, pot de cuisson, préservatif, eau stérilisée, compresses d’alcool et seringues – Photo: Todd Huffman, Licence: Creative Commons CC by 2.0

Auteurs: Diane Arneth, Paul Vitale, Barbara Zeller M.D.

Le récent rapport du chef du service fédéral de la santé publique sur l’addiction aux États-Unis montre de façon claire que le meilleur traitement de l’addiction aux opiacés est un traitement médicamenteux à long terme (MAT) fondé sur l’utilisation d’agonistes ou d’antagonistes opiacés. Celui-ci peut réduire le nombre de décès par surdose et améliorer les résultats du traitement.

Au cours de ces dernières années, Brightpoint Health et sa filiale, la Community Health Action of Staten Island (CHASI), ont forgé un partenariat et mis en place une approche qui offrent une gamme complete d’accès au MAT pour les personnes aux prises avec la consommation d’opiacés.

Chaque année, Brightpoint Health fournit des services de santé comportementale et de première ligne à quelque 40.000 patients dans les cinq arrondissements de la ville de New York, et coordonne les soins médicaux et la prise en charge de 8.000 patients. Le CHASI, la filiale communautaire de Brightpoint à Staten Island, assure divers services à près de 13.000 personnes. Ces services comprennent: des services d’information et de sensibilisation ; de dépistage et de prévention ; de soutien aux demandes ; de coordination des soins, de gestion de cas et d’orientation pour personnes à faible revenu souffrant de maladies chroniques ; d’aide alimentaire d’urgence et d’accès à l’outil informatique ; de soutien aux victimes de violence familiale ; ainsi qu’une prise en charge globale de l’abus de substances, dont une ‘plateforme de santé’ destinée aux pour les usagers de drogues actifs, ainsi qu’un centre de rétablissement ouvert 24h, le le Next Step Resource and Recovery Center.

Nous nous attachons à changer l’attitude et l’approche à la fois des prestataires de santé de première ligne et des prestataires communautaires concernant l’identification de l’usage de substances et les interventions dont ils disposent. Dans les cliniques de première ligne de Brightpoint Health, tous les prestataires de soins pour adultes sont formés à la réduction des risques et doivent compléter une formation de 8 heures visant à obtenir l’agrément fédéral de la DEA qui leur permet de prescrire et  d’administrer la buprénorphine. Dernièrement encore, un certain nombre de nos infirmières et infirmiers praticiens ont complété la formation de 24 heures requise pour cette discipline. Cela permet de créer des points d’accès permettant aux patients de première ligne d’accéder au MAT si nécessaire, tout en renforçant une culture qui affiche clairement que le traitement des troubles de l’abus de substances relève des compétences et du mandat de nos prestataires de soins de première ligne.  Ceci est bien sûr basé sur l’évaluation par le prestataire de la nécessité de mise en œuvre de soins, et le degré de ceux-ci, pour chaque individu. Les prestataires conservent la possibilité d’orienter les patients vers d’autres niveaux de soins si nécessaire, à l’exemple d’une désintoxication en milieu hospitalier ou un traitement de longue durée en établissement résidentiel. L’intégration du MAT dans les soins de santé de première ligne a été soutenue par une infirmière gestionnaire spécialisée en buprénorphine, puis le MAT a été mis à l’essai dans les cliniques de Brooklyn et de Staten Island, avec l’intention d’étendre ce modèle aux autres cliniques. L’infirmière gestionnaire agit à titre d’experte en la matière et de ressource pour les cliniciens, de coordonnatrice des soins pour les patients qui reçoivent le MAT et d’intermédiaire pour les accords d’assurance et la défense des intérêts.

En mars 2012, Brightpoint a également créé un partenariat unique avec BOOM! Health, un prestataire en réduction des méfaits basé dans le Bronx, avec l’établissement conjoint d’une clinique de première ligne situé dans leur espace de réduction des méfaits. Jusqu’alors, les usagers actifs de drogue recevaient dans cet espace des seringues propres, de quoi manger, des conseils d’anciens usagers et du soutien social. À la suite de ce partenariat, ils ont pu avoir accès à des soins de première ligne, à des services en santé mentale, au MAT et à une prise en charge du VIH et du VHC. Une pharmacie également établie sur le site apportait aux clients un soutien supplémentaire en matière d’observance et de surveillance des médicaments prescrits.

Nous estimons que nous avons également un rôle important à jouer dans nos cliniques en matière de prévention de la dépendance aux opiacés. En 2014, après avoir reconnu le lien existant entre douleurs chroniques et usage nocif de drogues illégales, Brightpoint Health a lancé un programme de gestion de la douleur destiné aux patients de première ligne et de santé comportementale. Le programme était axé sur le patient et partie prenante de l’approche de réduction des méfaits. Cette initiative a permis un meilleur traitement de la douleur chronique tout en réduisant les usages de drogues illégales. Afin de respecter l’engagement qui est le sien d’offrir aux cliniciens et aux patients les meilleurs outils de gestion de la douleur, Brightpoint a également piloté la prescription de cannabis médical dans le cadre de son offre de soins en matière de gestion de la douleur. Depuis le lancement du programme de gestion de la douleur, nous avons effectué 5.202 visites de gestion de la douleur et, rien qu’en 2017, avons aidé 467 patients uniques par le biais de ce programme.

Pour les patients nécessitant un niveau plus intensif de soins liés à l’abus de substances, Brightpoint fournit des services cliniques avec agrément du Bureau des services en matière d’alcoolisme et d’abus de substances (OASAS – partie 822) à Brooklyn et Staten Island. Ces cliniques intègrent le MAT, incluant la buprénorphine et le vivitrol, dans leur offre de soins pour personnes présentant un trouble de l’usage d’opiacés, dans le cadre d’un plan de service complet pouvant inclure un suivi individuel et de groupe, des tests toxicologiques et une orientation professionnelle. Les patients qui ont terminé leur traitement et sont stabilisés sous médication peuvent suivre le programme indéfiniment sous le statut de « soins continus » ; ils sont alors suivis régulièrement par le prestataire de soins avec accès à un conseiller si nécessaire.

Le CHASI exploite également une plateforme de santé où les usagers d’opiacés ou d’autres drogues qui ne veulent pas ou ne peuvent pas arrêter reçoivent des services à bas seuil, incluant des informations sur la réduction des méfaits, le dépistage gratuit du VIH et du VHC, l’échange de seringues, l’orientation vers d’autres services et les conseils par les pairs. La plateforme a récemment reçu un financement visant à y ajouter des services médicaux à bas seuil dont le MAT, sous la supervision d’une infirmière praticienne formée disposant d’une expérience en matière de réduction des méfaits et ayant suivi la formation requise par la DEA.

Il existe un engagement commun de tous ces programmes, celui de travailler ensemble pour améliorer l’accès au MAT et de donner à chaque patient un accès et des services appropriés afin d’assurer les meilleurs résultats possibles. Dans ce but, les dirigeants des 3 programmes MAT – clinique, programme de traitement et plateforme de santé – se réunissent régulièrement pour mettre en œuvre un plan de marketing intégré et un algorithme d’orientation des patients entre les programmes selon les besoins.

Enfin, début 2017, le CHASI a ouvert le Next Step Resource and Recovery Center, un espace communautaire multi-services ouvert 24h, où les personnes et leur famille peuvent obtenir de l’aide concernant l’abus de drogues, pour eux-mêmes ou pour des proches. Le staff est composé de conseillers professionnels et de pairs spécialisés formés à l’accompagnement. Next Step offre des interventions de crise sans rendez-vous ou par téléphone, un accompagnement à court terme, des informations sur l’usage de substances et sur les traitements disponibles, ainsi que des services de réadaptation et de soutien. Le centre fait office de centre pivot pour le programme HOPE du procureur général de Richmond County, un programme alternatif destiné aux personnes  arrêtées en faible possession de drogues et offrant divers services en lieu et place de suites judiciaires, et pour le programme RELAY du Département de la santé de la ville de New York, une intervention pilote délivrée par les pairs et ciblant les overdoses d’opiacés, en collaboration avec le service des urgences d’un hôpital local.

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