Rapport mondial sur les drogues 2015

Rapport mondial sur les drogues 2015

Au niveau mondial, alors que 1 usager de drogues sur 3 est une femme, seulement 1 usager en traitement sur 5 est une femme

La prévalence de l'usage de drogues demeure stable dans le monde, selon le Rapport mondial 2015 de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) lancé le 27 Juin dernier. On estime que dans le monde plus de 250 millions de personnes entre 15 et 64 ans ont consommé une drogue illicite en 2013, et parmi ceux-ci, quelque 27 millions de personnes en font un usage problématique – abus ou dépendance. De plus, près de la moitié de ce nombre sont des personnes qui consomment des drogues par injection, cont 1,65 million de personnes vivant avec le VIH. (Crédits images: UNODC)

Traitement et prévention

S'exprimant à l'occasion de la Journée internationale contre l'abus et le trafic de drogues, Yury Fedotov, directeur exécutif de l'UNODC, a fait remarquer que bien que l'usage de drogues soit stable, seul un usager problématique sur six a accès au traitement.

"Les femmes en particulier sont confrontées à de nombreux obstacles à l'accès au traitement. Si un usager de drogues sur trois à l'échelle mondiale est une femme, seulement un usager de drogues en traitement est une femme." a souligné M. Fedotov qui en outre a insisté pour que davantage soit fait pour promouvoir l'importance de comprendre et de traiter l'addiction comme un problème de santé chronique nécessitant un traitement et des soins. "Il n'y a pas de remède simple et rapide contre la dépendance aux drogues, c'est pourquoi il nous faut investir dans le long terme, sur des solutions scientifiquement validées".

Femmes en traitement

La disponibilité de programmes de réduction des méfaits reste faible: en dehors de l'Europe où la couverture de service pour les programmes d'échange de seringues et de traitement de substitution aux opiacés est relativement élevée, le niveau d'accès à ces services dans d'autres pays ne correspond pas aux objectifs fixés par l'OMS, l'UNDOC et ONUSIDA.


Au niveau de la prévention des drogues, la recherche montre qu'il faut repenser les stratégies existantes en laissant de côté les messages contre-productifs faits pour éveiller un sentiment de peur


En ce qui concerne la prévention des drogues, la recherche montre la nécessité de repenser les stratégies existantes en laissant de côté les messages contre-productifs faits pour éveiller un sentiment de peur, pour développer des approches plus positives fondées sur le fait que les jeunes commencent à consommer dans des contextes de vulnérabilités personnelles ou environnementales qui sont en grande partie hors de leur contrôle. Une prévention efficace doit pouvoir transmettre des habiletés et des compétences, en donnant aux jeunes la possibilité de développer un comportement sain et sécuritaire, au sein de leurs familles, à l'école et dans leur communauté.

Conséquences sur la santé

Un nombre stable mais encore trop élevé d'usagers de drogues continuent de perdre la vie prématurément, a martelé le chef de l'UNODC, on estime à 187 100 le nombre de décès liés aux drogue en 2013. Dans certains pays, les femmes qui utilisent des drogues par injection sont plus vulnérables à l'infection à VIH que les hommes; de plus, la prévalence du VIH peut être plus élevée chez les femmes qui consomment des drogues par injection que chez leurs homologues masculins. Le nombre de nouvelles infections à VIH parmi les usagers de drogues par injection a diminué d'environ 10 pour cent entre 2010 et 2013, passant de 110 000 à 98 000.

World Drug Report 2015

Le rapport mondial sur les drogues insiste sur les nombreux facteurs de risque, incluant la transmission de maladies infectieuses comme le VIH et l'hépatite C ou encore l'incidence des surdoses, responsables d'un taux de décès chez les utilisateurs de drogues intraveineuses jusqu'à 15 fois plus élevé que dans le reste du la population.

Les données indiquent que l'usage d'opiacés est resté stable à l'échelle mondiale, malgré une augmentation spectaculaire de la production d'héroïne et d'opium, laquelle ne s'est pas encore répercutée par une augmentation de l'offre d'héroïne dans la plupart des régions. L'usage de cocaïne continue de baisser en Europe occidentale et centrale et en Amérique du Nord. Les mesures de réduction de l'offre semblent avoir porté leurs fruits, contribuant à la baisse de la culture du cocaïer dans les pays producteurs.

La consommation de cannabis est en augmentation, avec 182 millions d'usagers, de plus la recherche suggère que davantage d'usagers souffrent de désordres liés à la consommation de cannabis, et que le cannabis est susceptible d'être de plus ne plus nocif, comme en témoigne la forte proportion de personnes à la recherche d'un traitement en première intention dans plusieurs régions du monde.

La demande de traitement a également augmenté pour les stimulants de type amphétamine (ATS), dont la méthamphétamine et l'ecstasy et pour les nouvelles substances psychoactives (NSP). La consommation de méthamphétamine continue d'être un problème majeur dans plusieurs régions de l'Est et du  Sud-Est asiatique. En 2013, les personnes ayant reçu un traitement pour usage de méthamphétamine représentent la majorité des personnes traitées pour consommation de drogues dans de nombreux pays.

Développement Alternatif

Le dossier thématique du rapport mondial sur les drogues aborde cette année le thème du développement alternatif, soit une stratégie à long terme visant à développer des sources alternatives de revenus pour les agriculteurs qui dépendent des cultures de drogues illicites.

La culture de la drogue est causée par de nombreux facteurs, incluant la marginalisation, le manque de sécurité, et la situation sociale et politique des communautés rurales. Le Développement Alternatif vise à réduire ces vulnérabilités pour en arriver à éliminer la culture de drogues illicites. Plus de 40 ans d'expérience ont montré que cette approche fonctionne quand elle va de pair avec une vision à long terme, un financement adéquat et un soutien politique visant à intégrer cette approche dans un projet de développement élargi.

développement alternatif

Malheureusement, le rapport mondial sur les drogues souligne que malgré toute l'attention accordée au développement alternatif au plan international, il existe un décalage entre la rhétorique et les niveaux de financement international. Le directeur exécutif de l'UNODC a fait remarquer que les fonds alloués par les pays de l'OCDE pour soutenir le développement alternatif avaient diminué de 71% depuis 2009, pour atteindre seulement 0,1 pour cent de l'aide mondiale au développement.

Pour terminer, le rapport sur le développement alternatif note qu'une telle approche pourrait être élargie au-delà des cultures de drogues illicites pour viser d'autres marchés illégaux. Le développement alternatif pourrait ainsi soutenir les communautés affectées par exemple, par l'exploitation minière illégale ou les crimes contre les ressources fauniques et forestières. Cet élargissement des stratégies alternatives de développement pourrait aller bien au-delà des mesures visant les cultures illicites.