Une enfance dans la rue

Chaque jour, plus d'un million d'enfants de la rue affrontent la violence, les abus sexuels, l'exploitation, et parfois, le meurtre

Chaque jour dans le monde, des millions d’enfants doivent faire face à la négligence, aux mauvais traitements et à une pauvreté qui les force à vivre ou à travailler dans les rues où ils sont victimes de plus de violences encore, d’abus sexuels, d’exploitation et parfois de meurtres.

Le problème des enfants des rues n’épargne aucun pays. On peut les trouver dans la plupart des villes du monde, et en particulier dans les centres urbains les plus densément peuplés, ou dans les régions en développement ou économiquement instables, incluant divers pays d’Asie du Sud-Est, d’Amérique latine, d’Afrique ou d’Europe de l’Est.

Les enfants des rues peuvent être d’âge différents, de classes sociales et d’origines différentes et tous ont eu des expériences diverses au cours de leur vie. Selon l’UNICEF, il existe trois catégories d’enfants des rues : les candidats pour la rue (ceux qui travaillent et ont l’habitude de traîner dans les rues), les enfants dans la rue (qui travaillent dans la rue mais rentrent chez eux le soir) et les enfants de la rue (ceux qui vivent dans la rue sans soutien familial d’aucune sorte).

La Journée Internationale des enfants des rues a été lancée en 2011 par le Consortium pour les enfants des rues (CSC), un réseau fondé au Royaume-Uni et formé d’ONG dédiées à faire entendre la voix des enfants, à promouvoir leurs droits et à améliorer leur vie, via des actions de plaidoyer, de recherche et de développement en réseau. Les membres du CSC sont présents dans plus de 130 pays et comprennent des ONG internationales, des entreprises internationales ainsi que de petites associations et groupes d’enfants des rues.

Qui sont-ils ?

enfant des rues
Il existe une fausse croyance selon laquelle les enfants des rues ne sont présents que dans les pays en développement. Selon une étude britannique, le nombre de jeunes sans-abris vivant au Royaume-Uni est largement sous-estimé, étant donné que 61% des personnes interrogées associent les enfants des rues au seuls pays africains ou asiatiques. En réalité, le terme « enfants des rues » recouvre une grande variété de situations ; ces enfants, on peut les trouver aussi bien dans les bidonvilles de Dehli que dans les rues de Londres, de Paris ou de Madrid. Dépendamment de leur lieu de vie, leur situation diffère.

Les enfants des rues des pays développés sont habituellement considérés comme des sans-abris, tandis que d’autres pays estiment qu’ils ne sont qu’une nuisance et les considèrent comme autant de criminels ou de mendiants. Il faut aussi souligner que dans des cas extrêmes, certains de ces enfants sont chassés et assassinés par des escadrons de « nettoyage » (escadrons de la mort plutôt), embauchés par des commerces locaux ou par la police elle-même.

Combien sont-ils?

On ne sait pas combien d'enfants vivent dans la rue ou dépendent de la rue pour leur survie ou leur développement. Selon l'UNICEF, quelque 100 millions d’entre eux grandissent dans les rues des grands centres urbains du monde entier. Toutefois, le nombre exact d'enfants des rues est impossible à quantifier à cause notamment du fait qu’ils ne vivent pas dans un lieu défini, ou encore des divergences d'opinion sur la façon définir le phénomène et d’identifier ces enfants.

Pourquoi vivent-ils dans la rue?

enfants de la rueLes causes du phénomène sont variées mais sont souvent liées à la pauvreté, l'éclatement des familles, la violence, les catastrophes naturelles, l'instabilité politique, les mariages forcés, ou encore les problèmes d'abus sexuel, physique ou émotionnel. De plus, dans certains pays les enfants peuvent se retrouver à la rue en raison de facteurs culturels. Dans certaines régions de l'Ouganda ou du Congo, des enfants sont obligés de quitter leur famille car on les soupçonne de porter malheur à leurs familles. En Afghanistan, les jeunes filles qui refusent un mariage arrangé peuvent également être forcées de quitter leur foyer.

En revanche, d’autres facteurs peuvent inciter les enfants à quitter leur foyer, par exemple l’attrait de l'indépendance financière, de l'aventure, de l'amitié ou les lumières de la ville. Selon le CSC, ce sont souvent des facteurs combinés d’attrait et de rejet qui à la fois les amènent à quitter leur famille et les maintiennent dans le mode de vie de la rue.

A quels risques sont-ils confrontés?

Pour les enfants des rues, l’usage de drogues est la façon habituelle d’anesthésier la réalité de ce qu'ils vivent. Dans les pays en développement, ils reniflent le plus souvent de la colle ou des solvants du fait que ce sont des produits abordables. Les enfants des rues sont également très exposés à la violence. La plupart d'entre eux indiquent avoir subi à plusieurs reprises des violences de la part des adultes, de la police et d'autres enfants.

Les filles des rues sont particulièrement vulnérables à la violence sexuelle de la part des adultes et d'autres enfants de la rue. Elles peuvent être victimes du trafic d’êtres humains, se retrouver dans des maisons closes ou dans des familles où elles deviennent corvéables à merci. En conséquence, les filles de la rue sont davantage susceptibles de contracter le VIH et d'autres MTS, tandis que de nombreuses très jeunes mères ne sont que des enfants de la rue.

En savoir plus sur le CSC – Consortium for Street Children

Mardi prochain, 14 Avril – interview de George Odalo, fondateur et directeur exécutif de Slum Child Foundation, une ONG qui met en place des programmes de d’aide pour les enfants des rues et les jeunes vulnérables à Nairobi (Kenya)